Industrie aéronautique
Structure, acteurs et fonctionnement de la filière aéronautique en France
30/11/2025
La filière aéronautique française représente un pilier stratégique de l'économie nationale et un fleuron industriel reconnu mondialement. En 2024, l'industrie aéronautique France a franchi un cap historique en dépassant son niveau d'activité d'avant la crise sanitaire, avec un chiffre d'affaires de 77,7 milliards d'euros, soit une croissance de 10% par rapport à 2023. Cette performance spectaculaire témoigne de la résilience exceptionnelle d'une filière qui emploie désormais 222 000 salariés sur le territoire national et contribue à hauteur de 29 milliards d'euros à la balance commerciale française.
Pourtant, derrière ces chiffres impressionnants se cachent des défis considérables. La montée en cadence Airbus, Dassault, ATR, les programmes militaires..., les tensions persistantes sur la supply chain aéronautique, la pénurie de main-d'œuvre qualifiée et les impératifs de décarbonation imposent aux acteurs aéronautique France une transformation profonde de leur modèle industriel. Comprendre la structure, le fonctionnement et les mécanismes de coordination de cette filière d'excellence devient indispensable pour saisir les enjeux opérationnels auxquels font face les directeurs d'usine, les responsables supply chain et les planificateurs du secteur.
1. Les grands enjeux de la filière aéronautique française
1.1 Accélération des cadences et pression industrielle
La filière aéronautique française fait face à une explosion sans précédent de la demande. Airbus a enregistré en 2023 des prises de commandes nettes historiques à 2 094 avions, tandis que les prévisions d'embauches pour 2025 s'élèvent à 25 000 postes. Cette montée en cadence Airbus se traduit par une augmentation des cadences de production de 10 à 15% annuels, avec des objectifs ambitieux sur les programmes A320 et A350.
Cette accélération met sous pression l'ensemble de la supply chain aéronautique. Les sous-traitants de rangs 2 et 3, souvent des PME et ETI, doivent augmenter leurs capacités de production tout en maintenant des standards de qualité extrêmement élevés.
1.2 Synchronisation globale de la supply chain : un défi collectif
L’un des enjeux structurels de la filière aéronautique française réside dans sa capacité à synchroniser efficacement l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, des grands donneurs d’ordre jusqu’aux sous-traitants de rangs 2 et 3. Dans un écosystème aussi interdépendant, le rythme de production est souvent dicté par le poste le plus lent, transformant chaque maillon en levier ou en frein pour l’ensemble du flux.
Comme le rappelait Guillaume Faury, PDG d’Airbus :
“Je ne livre pas un avion presque fini, toutes les pièces sont importantes… On est tous solidaires dans cette crise. Les grands et les petits se sont serrés les coudes.”
Cette solidarité opérationnelle impose une visibilité fine, bidirectionnelle et continue entre les acteurs : remontée rapide des alertes (retards, risques de rupture, capacité réelle) mais aussi diffusion fluide des prévisions et des priorités. Pour atteindre ce niveau de maturité collaborative, des outils numériques comme AirSupply ou AirConnect jouent un rôle clé dans le pilotage partagé des flux et l’amélioration de la performance collective.
1.3 Souveraineté industrielle et consolidation sectorielle
La filière aéronautique française revêt une importance stratégique pour la souveraineté nationale, tant dans le domaine civil que militaire. Le secteur dual (civil et défense) représente un atout majeur, avec un chiffre d'affaires défense de 20,3 milliards d'euros en 2024, en progression de 13% sur un an. Toutefois, la baisse de 33% des commandes publiques françaises, tombées à 2,17 milliards d'euros en 2024, soulève des inquiétudes sur la pérennité de cet équilibre.
Pour renforcer la résilience de la filière, un nouveau fonds d'investissement Tikehau Ace Aéro Partenaires 2, soutenu par Bpifrance, Airbus, Safran, Thales et Dassault Aviation, vise à lever jusqu'à 800 millions d'euros. Ce dispositif prend le relais d'Ace Aéro Partenaires 1, qui avait déjà permis de soutenir des entreprises indispensables comme Aubert & Duval, Figeac Aéro et Mecachrome.
1.4 Transformation numérique et performance opérationnelle
La digitalisation industrie aéronautique s'impose comme un levier incontournable de compétitivité. Le programme "Industrie du Futur" piloté par le GIFAS, doté d'un budget de 23 millions d'euros, visait à accompagner 300 entreprises dans leur transformation numérique. Cette initiative couvrait l'ensemble des nouvelles technologies 4.0 : systèmes d'information industriels (MES, ERP), outils d'ordonnancement avancés (APS), intelligence artificielle et connectivité inter-sociétés.
BoostAeroSpace, la plateforme numérique créée en 2011 par Airbus, Safran, Thales et Dassault Aviation, joue un rôle central dans cette transformation. Ses solutions AirSupply, AirConnect et AirCyber connectent désormais plus de 10 000 fournisseurs et 33 donneurs d'ordre européens, permettant d'automatiser les échanges de commandes, de prévisions, d'avis d'expédition et de factures.
Enfin, le programme AeroExcellence, lancé officiellement par le GIFAS en janvier 2024, propose un référentiel universel d'excellence opérationnelle couvrant trois thématiques structurantes : l'excellence opérationnelle, la performance environnementale et la cybersécurité. Ce référentiel, reconnu par l'ensemble des maîtres d'œuvre, embarque déjà plus de 60 entreprises implantées dans plus de 80 sites couvrant toutes les régions françaises.
1.5 Qualité, conformité et traçabilité
L'industrie aéronautique France est soumise à des exigences réglementaires parmi les plus strictes au monde. Les certifications PART21, PART145 (EMAR) et EN9100 constituent des prérequis indispensables pour opérer dans le secteur. La traçabilité totale des pièces, des matériaux et des processus de fabrication est obligatoire, imposant des systèmes de gestion documentaire extrêmement rigoureux.
1.6 Cybersécurité et résilience IT/OT
Dans un contexte de digitalisation croissante et de menaces cyber en constante évolution, la sécurisation des systèmes d'information et de production devient critique. La directive européenne NIS2 impose de nouvelles obligations aux entreprises de la filière, notamment en matière de protection des données sensibles et de continuité d'activité.
AirCyber, la solution développée par BoostAeroSpace, propose un service de labellisation du niveau de cybersécurité des partenaires de la supply chain, avec l'ambition de devenir un standard de la cybersécurité dans l'aéronautique. L'objectif est de contrôler 1 200 sociétés d'ici quatre ans, permettant aux entreprises conformes de ne plus être auditées à chaque nouvelle collaboration.
1.7 Décarbonation et transition environnementale
La décarbonation de l'aviation constitue l'un des défis majeurs de la décennie. La filière aéronautique française s'est engagée dans le développement de carburants d'aviation durables (SAF), d'avions bas-carbone et de nouvelles technologies de propulsion (hydrogène, électrique). Le volet aéronautique de France 2030 mobilise des centaines de millions d'euros pour accompagner cette transition, avec notamment 200 millions d'euros alloués au développement d'une filière de production de SAF.
Le programme CORAC (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile), piloté par la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC) en binôme avec le GIFAS, coordonne la feuille de route décarbonation de la filière et alloue les fonds de France 2030 aux projets d'innovation les plus prometteurs.
1.8 Attractivité et compétences
Avec 29 000 embauches réalisées en 2024 et 25 000 prévues pour 2025, le recrutement constitue un enjeu majeur pour la filière aéronautique française. La campagne "L'Aéro Recrute", lancée par le GIFAS en avril 2022, vise à attirer de nouveaux talents dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Les besoins restent particulièrement marqués pour les métiers de production et de maintenance : ajusteurs, peintres aéronautiques, monteurs d'équipements, opérateurs sur commandes numériques, câbleurs, chaudronniers-soudeurs, mécaniciens et contrôleurs qualité.
2. Les principaux pain points de la filière aéronautique française
2.1 Sous-capacité chronique des sous-traitants
La chaîne d'approvisionnement reste marquée par les séquelles de la crise sanitaire : savoir-faire perdu, tensions sur les matières premières (titane, aciers spéciaux, composants électroniques) et coûts opérationnels élevés en France (travail, énergie, fiscalité). De nombreuses PME et ETI de rangs 2 et 3 peinent à suivre le rythme des montées en cadence, créant des goulots d'étranglement dans la supply chain.
2.2 Prévisions instables et faiblesse de la visibilité
Les planificateurs et ordonnanceurs sont confrontés à une instabilité des prévisions de demande et à une granularité souvent insuffisante (semaine ou mois plutôt que jour). Cette situation complique la gestion prévisionnelle des ressources, l'optimisation des séries de fabrication et la planification des approvisionnements en composants critiques.
2.3 Difficultés en planification et ordonnancement
L'ordonnancement aéronautique se caractérise par sa complexité : nomenclatures multi-niveaux, contraintes de capacité multiples, gestion des aléas de production et exigences de traçabilité. De nombreuses entreprises utilisent encore des outils manuels (Excel, PowerPoint) pour élaborer leurs plannings, générant des risques d'erreur, une perte de temps considérable et une difficulté à simuler des scénarios alternatifs.
2.4 Digitalisation insuffisante dans les PME/ETI
Si les grands donneurs d'ordre ont massivement investi dans la digitalisation, de nombreuses PME et ETI accusent un retard important. L'absence de systèmes d'information industriels performants limite leur capacité à automatiser les échanges avec leurs clients, à suivre en temps réel l'avancement de la production et à optimiser leurs processus.
2.5 Dépendance excessive à quelques donneurs d'ordre
La concentration de l'activité autour de quelques grands donneurs d'ordre (Airbus, Safran, Dassault Aviation, Thales) crée une dépendance stratégique pour les sous-traitants. Les variations de cadence, les reports de programme ou les renégociations tarifaires peuvent mettre en péril la pérennité des PME et ETI les plus fragiles.
2.6 Tension RH et perte de compétences industrielles
La crise sanitaire a entraîné une perte de compétences critiques dans certains métiers manuels hautement qualifiés. La transmission du savoir-faire, la formation des nouveaux arrivants et la montée en compétence des équipes constituent des défis majeurs, amplifiés par le départ en retraite des générations les plus expérimentées.
2.7 Pression sur les coûts, matières et énergie
Les acteurs aéronautique France subissent une pression croissante sur leurs coûts de production. Avec une inflation cumulée de près de 18% depuis cinq ans, les marges des sous-traitants sont sous tension. L'augmentation des coûts de l'énergie, des matières premières et de la main-d'œuvre réduit leur compétitivité face à la concurrence internationale.
2.8 Complexité documentaire et qualité exigeante
La gestion documentaire représente une charge administrative considérable : dossiers de fabrication, fiches de suivi, certificats matière, rapports de contrôle, documents de traçabilité. Cette complexité mobilise des ressources importantes et constitue un frein à l'agilité opérationnelle, tout en étant absolument indispensable pour maintenir les certifications et la conformité réglementaire.
3. Comment se structure la filière aéronautique française ?
3.1 Une pyramide supply chain structurée par rangs
La supply chain aéronautique s'organise selon une architecture pyramidale claire, avec plusieurs niveaux de sous-traitance :
Tier 0 : les donneurs d'ordre
Au sommet de la pyramide, les grands intégrateurs conçoivent, assemblent et commercialisent les produits finis. Airbus domine le segment civil avec ses familles A320, A350 et A330. Dassault Aviation excelle dans l'aviation d'affaires (Falcon) et la défense (Rafale). Safran est le leader mondial de la propulsion aéronautique et des équipements aéronautiques. Thales se positionne sur les systèmes embarqués, l'avionique et l'électronique de défense.
Tier 1 : les systémiers et grands sous-traitants
Les fournisseurs de rang 1 développent et fournissent des systèmes complexes intégrés : structures d'avion, trains d'atterrissage, systèmes hydrauliques, portes et nacelles. On retrouve dans cette catégorie des acteurs comme Daher, Stelia Aerospace (groupe Airbus), Latécoère, Lisi Aerospace, Liebherr Aerospace et Collins Aerospace.
Tier 2 et 3 : les PME/ETI spécialisées
Les rangs 2 et 3 regroupent plusieurs milliers de PME et ETI spécialisées dans des métiers techniques pointus : usinage de pièces mécaniques, traitement de surface, traitement thermique, assemblage de sous-ensembles, fabrication de pièces composites, câblage électronique, chaudronnerie et tôlerie. Ces entreprises constituent le socle de la filière et représentent l'essentiel du tissu industriel régional.
3.2 Le rôle central du GIFAS
Créé en 1908, le GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales) est un syndicat professionnel qui regroupe 517 sociétés, depuis les grands maîtres d'œuvre et systémiers jusqu'aux PME et startups. Avec 82% du chiffre d'affaires consolidé réalisé à l'export, le GIFAS joue un rôle essentiel dans la représentation et la coordination de la filière.
Ses missions principales incluent :
La standardisation des outils et des processus (référentiel AeroExcellence, plateforme AirSupply)
L'amélioration de la compétitivité de la supply chain par l'accompagnement des PME et ETI
Le pilotage de l'innovation via le CORAC (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile)
La coordination des programmes structurants (Ambition PME-ETI, Performances Industrielles, Industrie du Futur)
La sécurisation de la filière par la médiation active et le soutien financier aux entreprises fragiles
La Commission numérique du GIFAS travaille spécifiquement sur la standardisation digitale et la cybersécurité, en s'appuyant sur les solutions développées par BoostAeroSpace.
3.3 Les clusters régionaux
La filière aéronautique française s'appuie sur plusieurs clusters régionaux qui assurent l'animation locale, la montée en compétence et l'accélération digitale des entreprises.
Aerospace Valley – Occitanie et Nouvelle-Aquitaine
Aerospace Valley est le premier pôle de compétitivité européen de la filière aérospatiale. Créé en 2005, il fédère plus de 850 membres (entreprises, laboratoires de recherche, établissements de formation, collectivités) sur les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Classé dans le trio de tête des pôles de compétitivité mondiaux pour la performance de ses projets coopératifs de R&D, Aerospace Valley a labellisé 980 projets depuis sa création, pour un montant de 2,23 milliards d'euros investis avec 958 millions d'euros d'aides publiques.
Le pôle concentre 130 000 emplois industriels, 1 600 établissements et 8 500 chercheurs, représentant le premier bassin d'emplois européen dans l'aéronautique, l'espace et les systèmes embarqués.
ASTech – Île-de-France
Le cluster ASTech Île-de-France, rebaptisé Aéro IDF, rassemble l'écosystème francilien de l'aéronautique et du spatial. La région Île-de-France concentre de nombreux sièges sociaux, centres de R&D et sites de production stratégiques, ainsi que les principaux établissements d'enseignement supérieur du secteur.
AERIADES – Grand Est
Le cluster AERIADES anime la filière aéronautique dans le Grand Est, région qui compte de nombreux équipementiers et sous-traitants spécialisés dans les structures métalliques, la mécanique de précision et les composites.
Bretagne Aerospace
Le cluster Bretagne Aerospace fédère les entreprises bretonnes de la filière, avec une spécialisation dans l'électronique embarquée, les systèmes de communication et les matériaux composites.
SAFE Cluster – Sud PACA
Le SAFE Cluster (Systèmes Aéronautiques, Ferroviaires, Electroniques et de sécurité) accompagne les entreprises du Sud PACA dans leurs projets d'innovation et leur développement à l'international.
3.4 BoostAeroSpace : la brique digitale de la filière
BoostAeroSpace est une entreprise créée en 2011 par Airbus, Dassault Aviation, Safran et Thales pour moderniser et digitaliser la supply chain aéronautique européenne. Sa mission principale est de permettre la collaboration et la sécurisation des échanges numériques entre OEM et fournisseurs.
Les trois solutions phares de BoostAeroSpace sont :
AirSupply : Portail fournisseur unique développé en partenariat avec SupplyOn, permettant la gestion collaborative de la chaîne logistique (commandes, plans d'approvisionnement, livraisons, qualité, facturation). La plateforme connecte aujourd'hui 33 grands donneurs d'ordre européens et 10 000 fournisseurs.
AirConnect : Application web permettant de semi-automatiser les échanges de données entre AirSupply et les ERP des fournisseurs industriels. Cette solution cible particulièrement les PME et ETI, en leur permettant de digitaliser leurs ventes auprès des donneurs d'ordre pour un coût minime. L'objectif est de permettre à 400 entreprises d'accéder automatiquement à la plateforme AirSupply.
AirCyber : Offre de services visant la standardisation et l'harmonisation de la sécurité informatique et industrielle au sein de la supply chain aéronautique européenne. AirCyber propose une labellisation du niveau de cybersécurité des entreprises, évitant ainsi la multiplication des audits clients.
3.5 SpaceAero : la performance et la montée en compétence
SpaceAero est une association de soutien à la chaîne d'approvisionnement qui joue un rôle essentiel dans la montée en compétence des entreprises de la filière. Elle assure l'opération du référentiel AeroExcellence, propose des formations supply chain adaptées aux spécificités du secteur et met à disposition des référentiels méthodologiques pour améliorer la performance industrielle des rangs 2 et 3.
3.6 Programmes structurants nationaux
France 2030
Le volet aéronautique de France 2030 mobilise plusieurs centaines de millions d'euros pour accompagner la décarbonation de l'aviation et le développement de nouvelles technologies. Les projets retenus couvrent les carburants durables (SAF), l'avion bas-carbone, l'hydrogène et l'électrification.
CORAC
Le Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile, piloté par la DGAC et le GIFAS, coordonne la stratégie de recherche et développement de la filière aéronautique française. Il identifie les briques technologiques critiques et alloue les financements publics aux projets collaboratifs de R&D.
AAP et dispositifs régionaux
Les Appels à Projets (AAP) régionaux et nationaux permettent de soutenir financièrement les projets d'innovation, de digitalisation et de montée en compétence. Les régions Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Île-de-France et Grand Est sont particulièrement actives dans le soutien à la filière.
3.7 Une filière duale : civil + défense
La filière aéronautique française se caractérise par sa nature duale, avec des synergies et des interdépendances techniques fortes entre les segments civil et défense. Cette spécificité renforce la résilience de la filière et permet de maintenir des compétences critiques même en période de fluctuation d'un des deux marchés.
4. Les grandes initiatives actuelles de la filière
4.1 Collaboration et continuité numérique
Le déploiement des plateformes AirSupply, AirConnect et des outils de collaboration inter-sociétés constitue une priorité majeure pour améliorer la fluidité des échanges et réduire les délais de traitement des commandes. L'objectif est d'atteindre une continuité numérique complète de l'OEM jusqu'au fournisseur de rang 3.
4.2 Cybersécurité et conformité NIS2
La mise en conformité avec la directive NIS2 et le déploiement du programme AirCyber visent à sécuriser l'ensemble de la chaîne de valeur contre les cybermenaces. Plus de 300 entreprises européennes ont déjà rejoint la communauté AirCyber.
4.3 Performance industrielle et digitalisation
Le référentiel AeroExcellence propose un processus progressif en quatre étapes aboutissant à trois niveaux de reconnaissance : Bronze, Silver et Gold. Ce référentiel couvre l'ensemble des activités opérationnelles, de l'industrialisation jusqu'aux activités de réparation et de maintenance, et permet aux entreprises de mesurer leur niveau de maturité sur trois thématiques : excellence opérationnelle, performance environnementale et cybersécurité.
4.4 Qualité et certification
Le maintien des certifications EN9100, PART21, PART145 et la conformité aux exigences réglementaires imposent une rigueur constante dans la gestion documentaire et les processus de contrôle. Les audits réguliers des donneurs d'ordre vérifient la conformité des fournisseurs à ces standards.
4.5 Décarbonation et éco-conception
Le développement de nouveaux matériaux, l'optimisation des procédés de fabrication, la simulation numérique et la conception 3D contribuent à réduire l'empreinte environnementale de la production aéronautique. Les entreprises engagées dans la démarche AeroExcellence doivent démontrer leur capacité à mesurer et réduire leur impact carbone.
4.6 Attractivité et formation
Les initiatives "compagnon augmenté", le développement de plateformes e-learning et les partenariats avec les centres de formation visent à faciliter la transmission des compétences et à accélérer la montée en compétence des nouveaux arrivants. Plusieurs industriels ont créé leur propre centre de formation pour répondre aux besoins spécifiques de leurs métiers.
5. Les acteurs clés de la filière
5.1 Les industriels majeurs
Airbus, premier avionneur civil mondial, emploie plus de 50 000 personnes en France. Safran, leader de la propulsion, réalise l'essentiel de son activité à l'international. Dassault Aviation excelle dans l'aviation d'affaires et la défense. Thales se positionne sur les systèmes de haute technologie pour les marchés de l'aéronautique, de l'espace, de la défense et de la sécurité.
5.2 Les systémiers et rang 1
Les fournisseurs de rang 1 comme Daher, Latécoère, Liebherr Aerospace, Collins Aerospace, Latecoere et Lisi Aerospace développent des systèmes complexes et maintiennent des relations directes avec les donneurs d'ordre. Ils jouent un rôle clé dans la coordination des rangs inférieurs.
5.3 Les rangs 2 et 3
Plusieurs milliers de PME et ETI constituent le tissu industriel de la filière aéronautique française. Réparties sur l'ensemble du territoire, elles maîtrisent des savoir-faire techniques pointus et assurent la flexibilité de la supply chain.
5.4 Les institutions et structures support
Le GIFAS, BoostAeroSpace, SpaceAero, les clusters régionaux (Aerospace Valley, ASTech, AERIADES, Bretagne Aerospace, SAFE Cluster) et les pôles de compétitivité assurent l'animation, la coordination et le soutien de la filière.
5.5 Les organismes publics
Le Ministère des Armées, le Ministère de l'Industrie, la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC), les Régions, Bpifrance et les dispositifs France 2030 apportent un soutien financier et réglementaire essentiel au développement de la filière.
6. Ce que révèle la structure de la filière : forces et faiblesses
6.1 Une filière performante mais fragile
La filière aéronautique française a démontré sa capacité à rebondir après la crise sanitaire, retrouvant et dépassant son niveau d'activité de 2019. Cette résilience témoigne de la solidarité entre les acteurs et de l'efficacité des mécanismes de coordination mis en place par le GIFAS. Toutefois, la filière reste fragile, notamment au niveau des rangs 2 et 3, où les marges sont faibles et les capacités d'investissement limitées.
6.2 Des dépendances critiques
La dépendance aux matières premières stratégiques (titane, aciers spéciaux, composants électroniques), aux fournisseurs étrangers pour certaines technologies critiques et aux décisions des grands donneurs d'ordre crée des vulnérabilités structurelles. Les tensions géopolitiques et les incertitudes sur les droits de douane accentuent ces risques.
6.3 Une mutation accélérée indispensable
La digitalisation industrie aéronautique, la montée en compétence des équipes, l'amélioration de l'ordonnancement aéronautique et l'adoption de référentiels communs comme AeroExcellence constituent des leviers essentiels pour renforcer la compétitivité de la filière. Les entreprises qui n'engagent pas ces transformations risquent de perdre des parts de marché au profit de concurrents plus agiles et mieux organisés.
Pour les directeurs d'usine, les responsables supply chain et les planificateurs, comprendre ces enjeux et investir dans des outils de pilotage moderne devient impératif. La complexité croissante de la supply chain aéronautique, les exigences de réactivité et de traçabilité imposent le recours à des solutions logicielles spécialisées capables d'optimiser l'ordonnancement aéronautique, de simuler des scénarios alternatifs et de garantir la fiabilité des engagements clients.
Conclusion
La filière aéronautique française se trouve à un tournant décisif de son histoire. Avec un chiffre d'affaires de 77,7 milliards d'euros en 2024 et 222 000 emplois sur le territoire national, elle constitue un pilier stratégique de l'économie française et un fleuron industriel d'excellence mondiale. La structure pyramidale de la supply chain, l'organisation en écosystèmes régionaux animés par Aerospace Valley et les autres clusters, ainsi que les initiatives de standardisation portées par le GIFAS et BoostAeroSpace, témoignent d'une gouvernance mature et d'une capacité de coordination remarquable.
Pourtant, les défis à relever dans les prochaines années sont considérables : montée en cadence des productions, tensions sur la supply chain, pénurie de compétences, impératifs de décarbonation et pression concurrentielle internationale. La digitalisation industrie aéronautique et l'adoption de référentiels d'excellence comme AeroExcellence ne sont plus des options, mais des nécessités stratégiques pour maintenir la compétitivité des acteurs aéronautique France.
Dans ce contexte de transformation accélérée, les outils de planification et d'ordonnancement aéronautique jouent un rôle crucial. Les solutions modernes permettent d'optimiser l'allocation des ressources, d'améliorer la visibilité sur la charge des équipements, de simuler des scénarios de production et de garantir le respect des engagements clients. En automatisant les tâches chronophages et en réduisant les risques d'erreur, ces outils libèrent du temps pour les activités à plus forte valeur ajoutée et renforcent la réactivité face aux aléas.
Pour les directeurs d'usine, les responsables supply chain et les planificateurs de la filière aéronautique française, s'équiper d'une solution performante de pilotage de production constitue un investissement stratégique pour accompagner la montée en cadence, répondre aux exigences du référentiel AeroExcellence et renforcer la compétitivité de leur entreprise sur un marché en pleine mutation.




